La philosophie nous permet de puiser dans les pensées passées des promesses encore vives et non tenues, et nous aide à nous délier de promesses et de formes de pensées devenues écrasantes.
Quant à l’éthique, elle oscille entre le registre du « je » qui tente de penser ce qu’il éprouve et de sentir ce qu’il fait, et celui du « nous », de l’engagement commun par lequel se font et se défont les communautés humaines.
Ce qui anime mes recherches (sur des sujets variables comme le pardon, le courage, la fidélité, le conflit, le divorce, la conversation, l’habiter, la justice, l’urbanité), c’est ainsi de chercher à ramener ces grands mots dans notre monde ordinaire. Et de mieux penser comment nous pouvons « différer ensemble ». Car telle est notre condition historique, politique et humaine d’être obligés de penser l’irrémédiable différend, et le décalage des générations.
C’est enfin une éthique qui travaille à la fois la question de la parole et la question de l’action, mais sur un fond de gratitude, de désœuvrement, d’émerveillement d’être ensemble ici. Pour cela elle avance tantôt du côté de la philosophie du langage ordinaire et de la parole interrogative, tantôt du côté de l’agir ordinaire, des habitudes et du style.