André d’abord était à ce point protestant, de la pointe de ses cheveux jusqu’au bout des ongles, qu’il connaissait de l’intérieur le catholicisme, avec une rare intuition. C’est cette première chose qui le rendait indispensable à nos débats.
André ensuite avait une telle expérience de l’angoisse, entre l’absurdité d’un monde trop injuste et la plainte de devoir mourir, qu’il rayonnait d’une insouciance et d’une confiance incomparables. C’est cette deuxième chose qui le rendait indispensable à nos jugements.
André enfin avait une telle aptitude à faire penser la parole, celle qui vient du trésor langagier accumulé par les myriades de paroles passées et possibles, qu’il libérait la parole commune. C’est cette troisième chose qui le rend définitivement indispensable à notre silence.
Olivier Abel
Publié dans la Lettre de l’ATEM Juin 97, n°11.